Au bord de l'étang

Tout au bout, ma rue se transforme en chemin, et tout au bout du chemin on arrive à l'étang. Là, il y a la cabane de Fred. Il est gentil Fred, même si mon père dit qu'il n'a pas inventé la poudre à canon. Bien sûr qu'il n'a pas inventé la poudre à canon, sinon il ne vivrait pas tout seul dans cette cabane isolée ! On aime bien se promener là bas, avec ma copine Marion, et même quand il neige comme hier matin, la cabane de Fred est toujours ouverte.

En arrivant, on a vu qu'il n'était pas là, il était sans doute parti pêcher. Il faut dire que la pêche c'est sa passion, par tous les temps, alors ce n'est pas un peu de neige qui va l’arrêter ! On a regardé discrètement par la porte... son lit était bien rangé, la vaisselle était faite, tout était calme et silencieux. Mais qu'est ce qu'ils ont tous ? encore un qui laisse sa porte des toilettes ouverte !

Tiens, c'est drôle ! ces boites de conserves nous rappelaient quelque chose... mais où les avions-nous déjà vues ?

Cette histoire de boites n'était pas claire, décidément ! alors nous avons décidé de revenir à la tombée du jour. Il faisait déjà noir et nous n'étions pas très rassurées, la neige était encore tombée durant la journée.

Nous nous sommes approchées à pas de loup, en se tenant par la main. Par la fenêtre éclairée, nous avons aperçu Fred, portant un sac à dos comme s'il revenait de voyage, en grande conversation avec lui-même et ... une bouteille de whisky. Il avait l'air un peu énervé, il parlait fort, d'un bateau appelé Karaboudjan, de boites de crabes, de pinces d'or. De peur d’être découvertes, nous nous sommes éloignées en silence et avons couru tout le long du chemin.

Mais le lendemain au réveil je n'étais plus sûr de rien ; est-ce que je n'avais pas tout inventé ? Maman a raison, je ne devrais pas lire au lit avant de dormir.  Je suis trop imaginative, cela me fait faire de drôle de rêves !